Réticences et préjugés face au bio

 

Nous avons soumis un sondage à une dizaine de persones afin d'analyser les préjugés, et les éventuelles réticences, face au bio. Malgré une croissance et une progression constante sur le marché, les produits bio sont cependant loin d'être généralisés. Ceci est surtout dû aux nombreux préjugés à leur égard. Ce sondage nous permet de voir que la plupart des gens sont plus ou moins réticents face au bio, et portent des préjugés assez variés.

 

La question qui prête à confusion est surtout la différence entre le biologique et le naturel; de nombreux produits portent des indications comme " 100% naturel " ou "bio". Or, si ces produits sont vraiment naturels, ou prétendus bio, pourquoi ne sont-ils pas labellisés?

 

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Il faut savoir qu'un produit naturel, c'est-à-dire contenant des produits extraits de la nature, ne garantit pas qu'il ait poussé dans des sols sans pesticides et qu'il soit dépourvu d'OGM. La notion de naturel est donc à regarder de près. Prenons l'exemple du pétrole; ce dernier est trouvé tel quel dans la nature, certains peuvent donc affirmer que les produits issus de sa transformation seraient d'origine naturelle. C'est pourquoi il est important de savoir lire les étiquettes et surtout de voir le label, pour pouvoir réellement juger un produit biologique certifié.

 

D'autre part, les opinions quant à la conservation des produits biologiques demeurent départagés. En effet, la formulation "sans conservateurs" sur les produits bio peut souvent être une des origines de la réticence face au bio. En effet, le sondage montre que la plupart des personnes interrogées pensent que les produits biologiques se conservent mal ou alors moins bien que les conventionnels. Or, les cosmétiques bios nécessitent toujours un ou plusieurs conservateurs, qui ont bien une durée de vie limitée, mais tout comme les cosmétiques conventionnelles. La seule différence est l'origine des conservateurs: le système de conservation des produits bio prend en compte tous les procédés de production. De ce fait, l'origine et le conditionnement adéquat des matières premières utilisées (elles-mêmes correctement conservées) est très important pour la conservation du produit fini.

Ainsi, les laboratoires travaillant avec des conservateurs biologiques peuvent soit utiliser des produits naturels (la plupart du temps des huiles essentielles, ayant des qualités bactéricides, c'est-à-dire qu'elles sont capables de tuer les bactéries comme l'huile de lavande), soit des conservateurs dits "doux", autorisés par certains organismes (le label Cosmébio permet dans sa charte l'utilisation de l'acide benzoique; BDIH autorise l'acide sorbique).

Si les produits ne contiennent pas des conservateurs listés dans une des chartes des organismes ou ne sont pas considérés comme tels dans la liste des conservateurs, ils peuvent toutefois contenir des composés  dont les propriétés antibactériennes contribuent à un système de conservation pouvant être alternatif aux substances conventionnelles (comme par exemple la vitamine E, qui a une action anti-oxydante). Ainsi, l'affirmation "les produits bio se conservent mal" est fausse. Cependant, ils risquent de se conserver moins longtemps que les produits conventionnels lorsqu'ils ont au moins 10% de phase aqueuse car, malgré des substituts assez efficaces, les conservateurs naturels restent plus sensibles aux facteurs externes de dégradation comme la chaleur, l'humidité, ou la prolifération bactérienne (d'où le développement du flacon à pompe par exemple). Il faut donc lire les conseils de conservation inscrits sur l'étiquette car ces facteurs peuvent les dégrader avant leurs dates limites d'utilisation (la couleur peut par exemple changer). Quant aux produits dits secs ou huileux, ils ont une durée de conservation normale.

 

Les préjugés peuvent également viser l'insuffisance des tests auxquelles sont soumis les cosmétiques bio. On peut prendre pour exemple un directeur de la recherche et du développement du groupe Clarins, Mr. Lionel de Benetti, qui affirme, jugeant les tests de sécurité: « ils sont très légers pour certains produits, surtout ceux qui contiennent des huiles essentielles ». Or, les cosmétiques bios étant soumis à la même réglementation que les cosmétiques classiques, leur labellisation oblige automatiquement leur soumission à des tests avant la mise sur le marché:

 

- Les tests physico-chimiques afin d'assurer la conformité, l'efficacité et la sécurité des produits finis : analyse de la stabilité du produit, contrôle du pH (teneur en acidité ou en basicité, examination de la texture, de la viscosité...).

 

- Les tests d'épreuve ou challenge test, vérifient la stabilité du produit; l'injection de bactéries (pathogènes ou non), de moisissures ou de levures permet de s'assurer de l'efficacité du produit et sa résistance microbiologique (croissance ou non-croissance d'une souche bactérienne). Ainsi, ce sont entre autres les conditions de fabrication et la conservation qui sont testés.

 

- Les tests de tolérances cutanées, effectués sur des volontaires, afin de s'assurer que le produit ne pose pas de problème sur la peau.