En conclusion, nous pouvons dire que « bio » ou « conventionnel » n’est finalement qu’un choix de conception de produit ayant une formulation différente, qui ne remettrait pas pour autant en cause la finalité d’action du soin et donc son efficacité vis-à-vis du résultat attendu par la clientèle qui le demande. Par exemple, un produit qui se dit « hydratant » est un produit qui vise à hydrater la peau, qu’il soit bio, naturel ou chimique, pourvu que la formulation choisie par les fabricants contienne des agents hydratants reconnus, expérimentalement, comme les plus efficaces. Afin de juger la performance de ces agents, les deux types de production sont soumis aux mêmes tests et expériences. Or, il est vrai qu’historiquement, les sociétés développant les produits bios se sont appuyées sur les propriétés longtemps reconnues des plantes plutôt que sur les tests d’efficacité (notamment à cause des coûts). Mais aujourd’hui, la cosmétique bio s’est bien développée grâce à des marques qui s’investissent de plus en plus en soumettant leurs produits bios, intelligemment conçus et formulés, aux mêmes tests et aux mêmes contrôles que ceux de la cosmétique conventionnelle (surtout s’ils sont labellisés). On peut donc dire qu’un produit bio n’est ni plus ni moins efficace qu’un produit conventionnel de ce point de vue-là.
D’ailleurs, les réticences face au bio viennent entre autre du fait que la cosmétique bio était incapable de fournir des produits de performance similaire, comprenant toutes les ressources et tous les moyens que s’autorise à utiliser la cosmétique conventionnelle. Mais, les laboratoires de recherche et de développement ont su axer leurs recherches sur l’efficacité du conventionnel, tout en prenant en compte certains critères du naturel. Ainsi, les fournisseurs ont su innover et développer des substituts pouvant jouer le rôle de certains composants chimiques tout en étant naturels.
Toutefois, les consommateurs recherchent à la fois la garantie biologique, la performance cosmétique et le plaisir à l’utilisation. Le premier critère est plus facilement accessible grâce aux labels qui assurent la traçabilité du produit. Néanmoins, la performance du cosmétique, en tout cas par rapport au conventionnel, est à nuancer. En effet, malgré des formulations pouvant être aussi efficaces, celles-ci restent différentes. Or, cette conséquence n’est pas à négliger car c’est ce facteur qui attribuerait les avantages et les points faibles des deux types de cosmétiques. C’est ainsi qu’apparaissent deux modes d’action différents : la cosmétique bio qui agirait sur le long terme, l’efficacité d’un produit de beauté dépendant à 80% de son excipient, et la cosmétique conventionnelle qui agirait quant à elle sur le cours terme. Cependant, il est indispensable de noter que les excipients d’un produit bio sont également des actifs naturels ; ce dernier est donc à sa grande majorité, voire totalement, un soin actif. Ainsi, il est parfaitement assimilable par l’épiderme, et les actifs, abondants, auraient l’aptitude de pouvoir combler plusieurs besoins de la peau en même temps. A l’inverse, l’action de la cosmétique conventionnelle ne se résumant qu’à celle d’un seul actif, représentant un petit pourcentage du produit, aboutirait plutôt à un résultat plus ciblé et donc plus rapide. Ceci souligne un avantage en faveur de la cosmétique conventionnelle : les soins ciblés peuvent répondre à des problèmes spécifiques et pointus, comme l’acné, ce que les soins bios ne sont pas toujours capables de faire. L’inconvénient est, qu’aussitôt l’utilisation du produit stoppée, le problème a de fortes chances de réapparaître. De plus, un autre inconvénient se manifeste : celui de la conservation. En effet, les deux types de produits ont chacun une durée limitée de conservation, même s'il est connu qu’un produit bio a généralement une durée de vie moindre par rapport à un cosmétique conventionnel, son conservateur étant naturel et donc plus sensible aux facteurs externes comme par exemple les variations de chaleur. Mais, malgré un pouvoir de conservation fort de par ses conservateurs synthétiques, la cosmétique conventionnelle a engendré une grande controverse en utilisant des parabènes, qui seraient des conservateurs à pouvoirs carcinogènes. Cependant, différentes études ont montré qu'aucune réelle expérience in-vivo n'a été faite (seulement des études in-vitro); il n'y aurait donc pas de preuves concrètes concernant l’effet néfaste et pathogène qu’auraient les parabènes.
Ainsi, nous ne pouvons pas parler d’un type de produit plus ou moins efficace que l’autre étant donné que chacun présente ses avantages et ses inconvénients, répondant ainsi finalement à des problèmes et attentes qui ne sont pas toujours les mêmes. Tout n’est pas bon dans le végétal comme tout n’est pas mauvais dans la chimie ; il serait plus judicieux d’associer les deux types de cosmétiques plutôt que de les dissocier. En effet, l’excès est toujours mauvais : l’excès de chimie et l’accumulation de produits synthétiques pourrait étouffer la peau ; on pourrait par exemple envisager un produit bio comme une « pause » à offrir à sa peau pour qu’elle respire un peu après avoir été trop stimulée par un produit conventionnel visant à résoudre un type de problème en particulier.
Par ailleurs, l'industrie bio s'attache moins au dernier critère : le plaisir à l’utilisation; la cosmétique conventionnelle est la plus apte à lier l’utile à l’agréable, grâce aux parfums et colorants. Malgré une volonté de progrès sur ce plan de la part de l’industrie bio, des ingrédients qui ne peuvent être substitués, comme les huiles essentielles (faisant office de parfum), peuvent repousser certains consommateurs de par leur odeur très concentrée en végétaux.
C’est pourquoi l’industrie bio n'a pour seule alternative que d'élargir sa clientèle. Les produits cosmétiques ont souvent été associés aux femmes; désormais, ce phénomène intéresserait les hommes et toucherait aussi les nouveaux-nés. Le secteur de la cosmétique bio viserait donc de nouveaux consommateurs afin de diversifier ses produits, mais aussi afin de prendre plus d’ampleur. C’est un marché en essor, il est donc normal de le globaliser à grande échelle. Le bio investirait désormais dans une gamme cosmétique pour homme mais également pour nourrisons. Ainsi, selon une étude réalisée par le groupe l’Oréal, en 1990, seuls 4% d’hommes déclaraient utiliser régulièrement un soin du visage. En 2001, ils étaient 21% et, en 2015, ce devrait être un homme sur deux qui joindrait cette cause. Et contre toute attente, actuellement le marché bio masculin serait 1,5 fois supérieure à celui des femmes, ces derniers assumant désormais leur part de « féminité » et mettant ainsi fin au tabou.
Pour les nourrisons, les industries bios se pencheraient sur un argument majeur : protéger les enfants vulnérables en évitant les substances toxiques présentes dans les produits conventionnels. Ainsi, des gammes de shampoings et autres produits de bains, de crèmes solaires et autres lotions, de dentifrices et même de lingettes bios sont aujourd'hui conçus principalement pour le bien-être des bambins, contribuant de la sorte à l’élargissement du bio internationalement et donc à une concurrence bio/conventionnel encore plus rude.